Par Jean-Milou Pierre, directeur principal Analytique des données
La FinOps : quand « aller sur le cloud » ne signifie pas forcément faire des économies
Récemment, en parcourant des offres d’emploi en BI, je suis tombé sur une offre qui mettait l’accent sur la FinOps. Cela m’a fait réaliser que le concept commençait enfin à s’imposer dans les esprits ! En effet, si le cloud offre des possibilités incroyables en matière de flexibilité et d’innovation, il n’est pas toujours synonyme d’économies immédiates. Certes, optimiser les coûts sur le cloud est possible, mais cela demande du travail, de l’analyse et une bonne dose de collaboration entre les équipes.
Dans cet article, je vais partager certains des enjeux auxquels une entreprise peut s’attaquer véritablement pour réduire ses coûts en infonuagique et tirer le meilleur parti de ses investissements.
Comprendre sa facture cloud : la visibilité avant tout
L’un des défis auquel la plupart des entreprises sont confrontées est la transparence des coûts. Il est facile de perdre de vue où l’argent est dépensé et comment il pourrait être économisé. Une bonne pratique consiste à utiliser des outils de suivi des coûts qui offrent des tableaux de bord permettant de voir en temps réel la répartition des coûts.
Par exemple, beaucoup de projets se retrouvent avec des machines virtuelles qui tournent 24/7 sans qu’il y ait réellement besoin. Avec un tableau de bord, il devient plus facile d’identifier les ressources sous-utilisées et de mettre en place des stratégies d’optimisation.
Cloud : ce qu’il faut, ni plus ni moins
En matière de cloud, le surdimensionnement des ressources est un problème récurrent. Parfois, les équipes prennent des configurations excessives pour « prévoir » un pic d’utilisation, alors que dans les faits, ces ressources sont souvent sous-exploitées. Le « right-sizing », ou l’ajustement des ressources, permet de réduire les coûts en attribuant exactement la capacité nécessaire à chaque service ou application.
L’utilisation de cette approche permet non seulement de réduire les coûts, mais aussi de s’assurer que les équipes techniques et financières travaillent main dans la main pour un meilleur suivi.
Automatisation des arrêts et mise en veille des ressources
Une autre pratique clé pour optimiser les coûts est de mettre en place des scripts ou des automations qui arrêtent automatiquement les ressources non essentielles en dehors des heures de pointe. De nombreux services cloud permettent d’implémenter des horaires d’arrêt et de démarrage pour les instances, ce qui peut rapidement réduire la facture mensuelle. Par exemple, des environnements de développement ou de test peuvent souvent être arrêtés la nuit ou le week-end sans perturber les activités. Cette simple automatisation peut générer des économies significatives sur les ressources inutilisées.
Réservations des ressources
Les fournisseurs de cloud proposent généralement des options de réduction comme les instances réservées ou les « savings plans ». Ces options permettent d’obtenir des tarifs préférentiels en échange d’un engagement de durée sur certaines ressources. Cela convient bien pour des charges de travail prévisibles et stables, où l’on sait que l’on utilisera une ressource spécifique sur le long terme.
Toutefois, cette stratégie doit être bien planifiée. Il est essentiel de s’assurer que ces engagements à long terme s’alignent avec les objectifs de l’entreprise pour éviter de payer pour des ressources qui ne seront pas utilisées.
Prioriser les compétences plutôt que la technologie
J’ai déjà vu un cas où un système transactionnel a été migré vers une base de données en colonnes dans le cloud. Cela a eu pour effet d’augmenter les coûts de manière significative. Bien que les bases de données en colonnes puissent être très performantes pour certaines analyses, elles ne sont pas toujours idéales pour des opérations transactionnelles. En effet, elles sont optimisées pour des lectures massives et non pour des écritures fréquentes. Ce genre de décision technique, souvent coûteuse, aurait pu être évitée si les compétences en matière de données avaient été privilégiées sur celles purement technologiques. Recruter des ressources ayant une bonne compréhension en matière de données et des besoins des applications permettrait de faire des choix plus stratégiques, assurant un usage optimal des ressources et un meilleur contrôle des coûts sur le long terme.
Une approche collaborative pour une optimisation en continue
Enfin, la FinOps ne se limite pas à un simple exercice financier : c’est un travail collaboratif. Les équipes techniques doivent collaborer étroitement avec les équipes financières pour ajuster en continu les besoins de l’entreprise en matière d’infonuagique. La culture FinOps favorise cette collaboration en permettant une meilleure compréhension des coûts et en mettant en place des mesures d’optimisation de manière proactive et flexible.
Conclusion
Alors oui, « aller sur le cloud » n’est pas synonyme de coûts réduits. Cependant, en adoptant les bonnes pratiques FinOps et en abordant ces enjeux de manière responsable, une entreprise peut transformer ses dépenses en infonuagique en un investissement stratégique. Le cloud a le potentiel d’être à la fois économique et performant. Pour cela, il est essentiel de savoir où et comment optimiser. En FinOps, chaque action compte pour faire rimer performance et économie.